Figuratif
Les tirages en acier appartiennent à un autre monde.
Chaque moule est une coque vide qui peut s’emplir de différents morceaux, reste à définir lesquels et de quelle manière je les ordonne pour travailler la surface.
C’est un exercice de style où la solidité de la matière permet un rendu aérien à l’apparence fragile, mais infiniment moins que les tirages en faïence.
Pour exprimer les surfaces, je cultive la chute. Il y a à l’atelier des caisses pleines de chutes plus ou moins grandes, plus ou moins déformées, martelées, forgées, polies.
C’est une bibliothèque de formes qui permet la composition.
Empreinte(s)
Au début il y a l’acier, la matière impatiente qui correspond bien à mon caractère (peut-être de moins en moins) et non loin derrière il y a la terre qui me calme. Le travail sur les empreintes me permet d’exister à travers ces deux matières, car chaque pièce est tirée d’abord en terre puis en acier.
Les empreintes c’est quoi ?
Tout d’abord, c’est une rencontre et une mise à nu. C’est une rencontre avec des femmes qui n’en finit pas. L’étude du corps des femmes pourrait se résumer à la richesse de leurs courbes, ce qui pour un sculpteur est extrêmement intéressant, mais ce n’est pas assez. Il y a aussi naturellement la quête du désir. Et puis, il y a un petit truc qui m’échappe et qui m’échappera tant que je réaliserai ce travail,
j’en suis sûr. Ce n’est pas facile la nudité dans notre société aujourd’hui. Cela se parle et puis cela s’éprouve. L’exercice de la pose et de la réalisation du moule en plâtre demande de la rapidité, de l’endurance et une belle présence.
Il y a à ce moment-là une proximité des gestes et une distance nécessaire pour capturer la beauté de l’autre dans le respect. Ainsi naît une empreinte.
Les tirages en terre restent à l’atelier car ils sont trop fragiles pour exister dans le circuit des galeries. J’aime le cheminement imprévisible du séchage et des cracs dans le moule que nul ne sait prédire. Puis vient la cuisson des morceaux et la reconstruction de la pièce par collage tel un puzzle. Ces sculptures de faïences recollées à la résine sont d’une immense fragilité et cela me plaît par l’attention extrême que je dois leur porter pour les laisser exister dans notre monde. En échange, elles m’apportent la beauté de leur fragilité et l’espoir que celle-ci a encore une place à notre époque.